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Blanche

14 Juin 2014, 14:28pm

Blanche

Le XVIIème siècle. Recueillie par un "nettoyeur", la jeune Blanche est la seule survivante du massacre de sa famille orchestré par le vil cardinal Mazarin. Arrivée à sa majorité, elle n'a plus qu'une idée en tête : se venger…

Blanc Cassé…

Depuis que Les Rivières pourpres et Le Pacte des loups ont réveillé l'intérêt des producteurs français vis à vis du cinéma de genre, la concrétisation d'un projet comme Blanche n'est plus aussi improbable qu'auparavant. Musicien reconverti en cinéaste à succès, Bernie Bonvoisin avait ici matière à un western déjanté, détournement enthousiasmant de nos bons vieux films en costumes nationaux. Malgré quelques promesses tenues la tête haute, il semblerait que le réalisateur se soit piégé lui-même dans le double tranchant de ses ambitions.

De Cape et d'Epée

On ne peut qu'applaudir la volonté de Bonvoisin de ressusciter un genre déchu, le film de cape et d'épée. Ainsi Blanche n'est pas avare en duels affûtés, imagerie régulièrement mariée ici avec celle du western. La poudre parle donc autant que les lames, tandis que chevaux et diligences dévalent d'immenses étendues désertiques, cadrées comme il se doit en cinémascope. Excitants sur le papier, ces morceaux de bravoure à l'ancienne ne trouvent hélas sur grand écran qu'une illustration d'opérette, à la chorégraphie pauvre, aux prouesses physiques limitées, souffrant de surcroît d'un découpage incapable de partager une quelconque sensation de l'espace ou d'habiller les rebondissements des joutes elles-mêmes. En bref, si la poursuite en chariot sauve les meubles, les batailles de Blanche sont un capharnaüm monstrueux, peu aidées par des éclaboussures gore à la gratuité embarrassante. En contraste, le Chevalier de Brian Helgeland parvenait à délivrer de grands moments de cinéma épique sans jamais sacrifier l'innocence de son intrigue à une quelconque mort à l'écran.

Le Yin et le Yang

L'extrême barbarie de Blanche s'avère incompatible avec sa vocation de comédie au troisième degré. Car Bonvoisin veut nous faire rire, et y parvient d'ailleurs à de multiples reprises. Antoine De Caunes, Carole Bouquet et surtout Jean Rochefort s'imposent ainsi comme des mines de répliques aiguisées, de monologues hilarants et d'attitudes foncièrement ridicules. Le manque de cohésion de l'ensemble, doublé de la futilité de la plupart des séquences - libéré du gras, le film aurait sans doute abouti à un court métrage épatant - empêche malheureusement l'œuvre d'atteindre la plupart des buts fixés, lassant vite son public à voguer d'une sauterie irrationnelle au palais du Roi Soleil aux états d'âme d'une héroïne sculptée dans la guimauve. C'est d'ailleurs là l'une des plus grandes faiblesses du film : le rôle-titre souffre d'un manque de charisme flagrant, dû autant à la gaucherie d'une Lou Doillon peu adaptée au personnage qu'aux erreurs successives de Bonvoisin, qui dès le premier quart d'heure trahit l'incapacité de sa guerrière à se défendre contre un pauvre cocher de figuration. Rien n'y fait après ça, ni l'apparition clin d'œil de Gérard Depardieu en D'Artagnan, ni les pitreries épuisantes d'un José Garcia continuant vaillamment après Le Boulet à ruiner sa carrière, et encore moins un climax lamentablement filmé, les protagonistes s'opposant dans une avalanche de faux raccords, au sein d'un décor tellement mal éclairé qu'on le croirait fait de carton-pâte. Ecrit, tourné et monté pour être projeté aux copains, Blanche rejoint la longue liste des films de potes hermétiques, de ces gâchis grotesques qu'un minimum de rigueur aurait suffi à élever au cran supérieur.

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