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Bones

10 Août 2014, 14:32pm

Bones

Dans les années 70, Jimmy Bones est le bienveillant parrain d'un ghetto noir américain. La grande classe, le diam's au doigt, une limousine de 10 mètres de long… Il est au service de sa communauté tout en gérant d'une main de fer les différents "business" qui s'y déroulent. Lorsque ses associés veulent introduire le crack dans le quartier, Bones refuse, et est assassiné. Plus de vingt ans après, le même ghetto est devenu une zone sinistrée, ravagée par la criminalité et la drogue. L'ancienne maison de Bones est abandonnée, mais une bande de gamins veulent la transformer en club, sans se douter qu'ils vont réveiller l'esprit du parrain d'antan, qui est bien décidé à se venger de ses bourreaux…

Attention, chien méchant

Bones est avant tout un pur produit d'exploitation, le genre de véhicule à star (ici le rappeur Snoop Dogg, valeureux représentant du son "west-coast") vite fait bien fait, destiné à rapporter un maximum. Car les films avec des rappeurs forment un véritable sous-genre de l'autre coté de l'atlantique, où ils cartonnent régulièrement en vidéo. Si la plupart de ces œuvres n'ont pas connu chez nous l'honneur d'une distribution en salles (direct to location), les distributeurs sont tout de même conscients qu'il y a là un filon ne demandant qu'à être exploité (la France est tout de même le second plus gros consommateur de rap mondial). Bones est donc la première tentative en ce sens. Mais c'est aussi, (et surtout), un film d'horreur en dehors du temps, ancré dans la plus pure tradition 80's, avec ce que cela suppose de forces et de faiblesses.

Scénario ou ticket de métro ?

C'est le plus gros problème de Bones : sur un canevas directement emprunté au magnifique The Crow d'Alex Proyas (Snoop avait été pressenti pour être la vedette d'une troisième séquelle), les scénaristes n'ont réussi qu'à broder une histoire d'une demie-heure. Problème : un film durant en moyenne 1h30, il reste des trous (des gouffres) à combler. D'où une mise en place particulièrement longue, une utilisation des flash back un peu systématique, et les inévitables déambulations dans la maison hantée à base de "bouh, t'as eu peur, mais non, c'est pas le monstre, c'est moi ton meilleur pote qui trouve rien de mieux à faire qu'à te foutre la pétoche en surgissant d'un coup dans le cadre pour que le film dure trois minutes de plus". C'est le premier signe de l'ancrage profond de Bones dans le cinéma d'horreur des années 80 : un recours très voyant aux plus grosses ficelles du genre. Et c'est ce qui fera dire à beaucoup que le film est très mauvais. Hors, en temps de flippe aseptisée et intellectualisée (Sixième sens, Les Autres), il est toujours bon de voir que le cinéma est aussi une affaire d'amusement et d'éclate. Car là réside la plus grande qualité de Bones : faire gras mais consistant.

Quelques grammes de brutalité…

Ernest Dickerson, honnête artisan responsable de l'excellent Le Cavalier du diable (un film labellisé Contes de la crypte) et du sympatoche Que la chasse commence, sait jouer du gore, du crade et de la déconne, pour remplir un vide scénaristique béant. Resultat : entre belles minettes, pluies d'asticots et têtes coupées parlantes qui se prennent des murs dans la tronche, on finit par se marrer et à passer un bon moment. Et puis, il y a Snoop Dogg, qui, tout comme dans sa carrière de rappeur, joue à 100% sur l'attitude. Son physique particulier, entre félin et crocodile, le prédisposait tout particulièrement à ce type de rôles. Même si ses capacités d'interprétation semblent un peu limitées (tout se travaille), le voir couper des gorges en sortant des "punchlines" à la Freddy reste jouissif pour tout amateur d'horreur bon marché (toute une époque). Ce plaisant constat, allié à une réflexion pas bête sur la dégradation des ghettos noirs US suite à la "démocratisation" des drogues dures (la comparaison entre le quartier avant et après est flagrante) fait de Bones un petit produit parfois maladroit et "nanaresque", mais qui tient tout de même ses modestes promesses (Snoop + grosse musique + gore). On vous conseillerait bien la bière et les chips, mais l'exploitant de votre salle de ciné risque de faire une tête de trois pieds de long.

Au fait, le film est à voir si possible en VO, pour la voix inimitable de Snoop…

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