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China strike force

26 Octobre 2014, 15:36pm

China strike force

A Shanghai, lors d'un défilé de mode, deux jeunes policiers sont témoins d'un meurtre. L'enquête les conduits chez monsieur Ma, un puissant parrain local, qui est en désaccord avec son bras droit Tony, qui veut importer de la drogue dans la région, grâce à un partenaire américain appelé Coolio (!). Très vite, les jeunes flics vont se trouver opposés à ces gangsters sans scrupules, alors qu'une belle et mystérieuse japonaise semble mener un double jeu des plus dangereux…

Ton film en Tong !

Triste film que China strike force. On entre dans la salle avec l'envie et l'espoir de se taper un "actionner" hong-kongais typique, on en sort avec dans la tête plusieurs constats amers, qui vous feraient presque regretter d'avoir vu le film. Non pas que le métrage de Stanley Tong soit un navet total, mais la faible qualité du produit (car il ne s'agit que de ça - un produit), et ce à tous les étages, réveille en nous la nostalgie de l'âge d'or du cinéma de l'ex-colonie britannique, âge qui semble s'être définitivement éteint. Snif.

Internachieunôl

China strike force est presque un film symbolique, dans le sens où il porte en lui toutes les caractéristiques de l'appauvrissement qualitatif du cinéma made in HK (même si quelques bijoux apparaissent encore régulièrement grâce à Tsui Hark ou Stephen Chow). Premièrement, et sans tomber dans un débat du type "exception culturelle", on constate avec amertume que lorsque ce cinéma s'essaie au produit international, on se retrouve avec une caricature boursouflée qui ne vaut pas mieux que les pires navets hollywoodiens. L'utilisation et la mise en avant de deux acteurs "connus" en occident (Mark "je suis Christophe Gans fantasmé" Dacascos et le rappeur Coolio) est, à ce titre, la seule et unique raison qui fait que CSF atterrit sur nos écrans, en lieu et place d'autres films plus efficaces (et Dieu sait qu'il y en a beaucoup dans la production hong-kongaise) qui auraient mérité d'être découverts par le public français. Un bien triste constat, qui rend le spectateur méfiant avant même la projection. Et ce n'est pas la présence d'Aaron Kwok, triste bellâtre star là-bas, mais tout simplement nul en général, qui sauvera la mise. D'ailleurs, en règle général, les comédiens ont tous l'air de gentils organisateurs du Club Med, avec leur sourire ultra-brite forcé et leur jeu aussi naturel que les performances d'un cycliste dans le tour de France. Seul Dacascos s'en titre à peu près bien, ainsi que la sublime Norika Fujiwara. Le reste est insupportable de mièvrerie et d'inaptitude, Coolio en tête.

Nostalgie

De même que l'utilisation d'acteurs internationaux, le script de China strike force est une aimable plaisanterie prétexte à enfiler les scènes d'action exigées par le cahier des charges. Les ficelles sont tellement grosses, l'écriture si laxiste, qu'on se désintéresse de tous les enjeux dramatiques au bout de vingt minutes. Un exemple : le méchant s'évade en Lamborghini. Mais comment faire pour le rattraper, ça va vite ces bestiaux ! Ah, tiens, heureusement, y'a une formule 1 qui traîne par là. Avec ça, on va pouvoir se faire une bonne séquence de poursuite… A ce stade, il ne reste qu'un seul espoir : que les scènes d'action soient bien troussées. Après tout, ne nous leurrons pas, on est là pour ça. Dommage. Stanley Tong se révèle totalement rouillé, lui qui a réalisé les meilleurs Jackie Chan des années 90 (Police story III, Contre-attaque, Jackie Chan dans le Bronx). Sa réalisation est molle et insipide, sa caméra est saisie d'une immobilité frustrante, et les chorégraphies sans génie ne sont aucunement magnifiées par sa mise en scène. Bref, de ce coté là aussi, il n'y a rien à voir. Après un triste détour aux Etats-Unis (Mister Magoo avec Leslie Nielsen…), Tong semble lessivé, et ne croit pas à l'histoire qu'il raconte. Seule la toute première scène peut encore faire illusion, mais elle n'est en définitive qu'un triste reflet du passé, tout comme le film en son entier, qui symbolise parfaitement la perte de repère et d'identité du cinéma HK. Alors que l'on découvrait dans les années 80-90 un patrimoine de films incroyables parce que tournés vers leur propre culture et leurs propres angoisses, on assiste dorénavant à une application sans passion des gimmicks qui se sont depuis répandus dans l'ensemble de la production mondiale. Et lorsque l'original est moins bon que la photocopie, le spectateur assiste impuissant à un spectacle assez "beauf" (jolies pépés, grosses voitures et rap, ok, mais il y a l'art et la manière, tout de même), limite raciste - le comble pour un film ouvertement international - et au bout du compte assez triste. Mais le bouquet final reste le choix scénaristique de faire de Coolio le méchant ultime du film, en lieu et place de Dacascos. D'où un dernier combat ridicule, puisque Coolio pratique aussi bien le kung-fu qu'un unijambiste ayant un cor au pied. Heureusement, à ce stade, le générique de fin n'est pas loin…

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