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Bloody Mallory

15 Juillet 2014, 14:31pm

Bloody Mallory

Le soir de sa nuit de noces, Mallory se rend compte qu'elle est en fait en train d'épouser un vampire. Aussitôt découvert, aussitôt découpé en morceaux. Il ne faut pas la lui faire à Mallory. Mais cet acte la condamne à être intimement liée au démon, jusqu'aux entrailles de l'enfer. Désormais, elle et sa bande traquent tous les suppôts de Satan avec un acharnement somme toute vindicatif. Le gouvernement français fait bientôt appel à elle devant l'impuissance des services secrets à retrouver le Pape, récemment kidnappé par une entité démoniaque.

"Suppos" de manant

Consternant, c'est le premier mot qui vient immédiatement à l'esprit une fois que l'on a vu Bloody Mallory. Alors bien sur, à force de "taper" à claviers raccourcis sur les tentatives sincères de redonner un souffle au film de genre à la française, on va finir par se faire taxer de mauvaise foi caractérisée. Un peu trop facile, dans la mesure où la tendance qui consiste à pointer du doigt les talents dans ce genre de production, et à ne souligner que cela, est quand même largement plus tendancieuse. C'est généralement ce que l'on fait lorsque l'on n'a rien à dire ou que l'on connaît le gars qui a réalisé ou écrit le scénario, vu qu'il est parfois bien difficile d'être tout à fait objectif avec ses amis ou ses anciens collègues (Julien Magnat est aussi critique de ciné). C'est un peu comme quand vous demandez à un gars qui va vous présenter une copine qu'il connaît si elle est mignonne. Si sa réponse est : "elle a du charme", vous pouvez dans 99 % des cas vous dire qu'il y a un truc qui cloche. Si vous lisez ici ou là que Bloody Mallory est un film intéressant, vous êtes en plein dans le cas précité. Si il est écrit que c'est palpitant, c'est que le gars n'a pas payé sa place, et qu'en plus c'est un fan de Max Pecas. Enfin, si vous tombez sur une accroche du genre : "j'ai vu le futur du film de genre à la française, il 's'appelle Bloody Mallory", alors là, tous aux abris, c'est qu'on est vraiment dans la mouise. Alors qu'on se le dise une fois pour toutes : on aurait aimé se délecter du film de Julien Magnat, on aurait adoré y voir le renouveau du genre, on aurait frissonné à l'idée de vous faire partager nos émotions, mais force est de constater qu'en dépit de la bonne volonté du bonhomme et des comédiens, on est en face d'un extraordinaire vide sidéral.

Plus vite, plus loin, mais surtout plus profond

Ça commence très très fort par une musique assourdissante aussi indigeste qu'une choucroute en plein Kenya, et des effets de style sur l'image totalement inappropriés, du genre à faire passer Michael Bay pour un Kubrick en puissance. L'esthétique du long métrage est son plus flagrant ennemi tant il ne correspond à rien. Si c'est voulu, c'est dramatique ; si ça ne l'est pas, c'est encore plus dramatique. Car ne pas s'en rendre compte, c'est un peu comme se dire que tout va bien alors que l'on est à 6000 mètres d'altitude en pleine chute libre, qu'on a oublié son parachute, et qu'on a pris à la place le sac à dos du copain. Même si celui-ci est garni de sandwichs appétissants, ils vont certainement avoir du mal à passer. Hors, dès le départ, le ton est donné : image cheap, filtres nuls et lumière pauvre, ce n'est certainement pas dans l'esthétique de Bloody Mallory que l'on va pouvoir se régaler. Alors on peut éventuellement se tourner vers le scénario pour tenter de se rattraper aux fenêtres, mais c'est peine perdue.. Du manga à Buffy, du film gore à Trauma, tout y passe, sans finesse ni réflexion, le tout retranscrit sur pellicule à la façon d'un véritable pot pourri de références fantasmagoriques d'étudiant post-pubère introverti. Les effets qui se veulent comiques nous sont balancés en pleine figure comme des préceptes acquis pour les fans du genre. Quant aux autres, ils n'ont qu'à connaître… Mais le problème, c'est que c'est encore plus consternant si on sait à quoi il est fait référence. Quand les dialogues sortent du cadre référentiel on sombre un peu plus dans l'esbroufe des vannes approximatives. On n'aurait pas osé les proposer, même bourré comme un sagouin, à un Bernard Mabille fatigué (ce sont les attachées de presse qui vont être contentes). Ensuite, on ne s'improvise pas directeur d'acteurs comme on se déclarerait chef de la cuisson des côtelettes pendant un barbecue. Hors, du coté des seconds rôles, on ne peut pas dire que Julien Magnat ait été inspiré, ou ait eu de la chance. C'est sublime tellement on n'y croit pas, avec un accessit tout à fait particulier à la scène des bonnes sœurs dans l'église, qui sont aussi convaincantes qu'une autruche transsexuelle servant de doublure à Julia Roberts dans Pretty woman. Les effets spéciaux ne sont pas dignes d'un épisode de Charmed, ce qui ceci dit en passant aurait pu être sympathique, comme ça l'est dans Arac Attack par exemple. Mais dans le cas présent, ils ne viennent que rallonger la longue liste des inepties du film. On se demande bien ce qu'Olivia Bonamy est venue faire là dedans, car même si son interprétation est enthousiaste et sincère, elle est complètement noyée dans l'ensemble indigeste du film.

On y croit encore !

Cette tentative est malheureuse dans son résultat, mais certainement pas dans son ambition Mais il faut faire attention à ce qu'on fait en annonçant tambour battant et à corps et à cris le renouveau du genre avec ce type de film. On risque de mettre en berne une fois pour toutes l'ensemble des projets qui visent ce but. Ce serait d'autant plus préjudiciable que Nid de guêpes et Le Pacte des loups avaient ouvert cette porte de "pandore", qui aujourd'hui avec Bloody Mallory nous claque en pleine gueule. Et ce n'est certainement pas avec la nouvelle tentative prévue pour le 31 juillet et sobrement appelée: Les Percutés (critique incessamment sous peu en ligne) que les choses vont s'arranger… Ce n'est pas parce que c'est la déception qui s'est pointée au rendez vous de nos attentes avec Bloody Mallory, qu'il faut baisser les bras. Alors haut les cœurs, on va bientôt finir par l'avoir notre bon vieux film de genre à la française.

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